La réponse n’est pas aussi simple que vous l’imaginez (et pas à cause des difficultés de reproduction de couleurs à l’écran). Néanmoins, elle illustre très bien les problématiques traditionnelles de communication de la couleur.

Dès le 15 février 1794, le motif, la forme et la largeur des bandes colorées du drapeau tricolore sont parfaitement définis puis largement confirmés ensuite au XIXème siècle. Néanmoins, on peut regretter (mais pas être surpris) qu’aucun décret ne vienne définir les tonalités et nuances précises de ces 3 couleurs du drapeau.

Depuis le Second empire, il semble établi d’utiliser un « bleu sombre » et un « rouge vif ». Les descripteurs sont peu précis, mais c’est ainsi que ces couleurs sont représentées dans les Album des Pavillons de la Marine Nationale.

De nos jours, le Service Hydrographique et Océanographique de la Marine, indique que le bleu correspond à un Pantone 282 C, et le rouge, à un Pantone 186 C. La description s’est ainsi améliorée mais les spécifications restent largement insuffisantes.

Mais on est surpris de découvrir que, du côté des « Unités et Organismes du Ministère de la Défense » (la « norme Couleur » de la Défense nationale) est évoqué un bleu-violet sombre A503 (spécifique aux drapeaux et étendards), un bleu-violet foncé A535 pour la Marine (bleu du pavillon et du drapeau), le blanc A665, et le rouge-orangé vif A805. Ces couleurs faisant référence à la norme AFNOR NF X 08-002.

A la lecture de ces spécifications, le drapeau tricolore correspond à la réponse A.

Mais en 1974, le président Valéry Giscard d’Estaing apporte un changement notoire de ces couleurs pour les usages protocolaires de l’État. Le « bleu sombre » est appelé à être remplacé par un « bleu s’approchant de celui du drapeau européen », et « le rouge vif » par « une teinte plus claire ».

Et ainsi, cette version éclaircie s’est largement répandue pendant plus de 40 ans et B est ainsi devenue aussi une bonne réponse.

Mais le 13 juillet 2020, encouragé par Arnaud Jolens, directeur des opérations de l’Élysée, le président Emmanuel Macron, décide alors de faire cesser l’utilisation de cette version éclaircie.

La réponse devient unique : Ce sera le drapeau A.

Maintenant, il ne nous reste plus qu’à réfléchir comment produire ces couleurs-objets, comment s’assurer de la fidélité de leurs couleurs-perçues et comment communiquer efficacement l’ensemble de ces spécifications plus de 2 siècles après leur création.