Pourquoi autant de noms de couleur dans une zone aussi étroite du spectre/cercle chromatique ?

Pourquoi autant de noms de couleur dans une zone aussi étroite du spectre/cercle chromatique ?

Berlin et Kay, nous ont montré après l’étude de 98 langues, qu’il existait 11 mots pour décrire de façon universelle les couleurs : Blanc, Noir, Rouge, Jaune, Vert, Bleu, Brun, Gris, Rose, Violet, Orange.

Il y a quelques années de cela, la normalisation reconnaissait 18 appellations chromatiques directes (Norme AFNOR 10 X 08-010 de classification méthodique générale des couleurs) : Rouge, Orange, Jaune, Vert, Bleu, Violet, Indigo, Blanc, Noir, Gris, Ivoire, Crème, Beige, Rose, Kaki, Brun, Marron, Bordeaux.

Si nous positionnons ces 11, voir ces 18 champs chromatiques dans un cercle chromatique ou sur le spectre visible des radiations électromagnétiques, on ne peut qu’être frappé par la forte concentration des mots dans une zone très réduite de l’espace.

Pourquoi autant de noms de couleurs dans une zone aussi étroite du spectre/cercle chromatique ? Pourquoi le champ lexical de la couleur s’est-il autant développé dans une zone spécifique de notre perception ?

Nous vous proposons 5 hypothèses ! A vous de réfléchir à celle qui emporte vos convictions.

1. Hypothèse linguistique : Ce sont les couleurs de notre environnement et donc de notre vocabulaire, et la façon dont on perçoit le monde dépend de notre langage. (« la langue précède et forge la perception », suivant l’hypothèse de Sapir-Whorf qui soutient que les représentations mentales dépendent des catégories linguistiques).

2. Hypothèse physiologique : Notre rétine est constituée de près de 7 millions de cônes. Nous possédons un seul cône pour les courtes longueurs d’ondes (SW), présent en très faible quantité (1 cône SW pour 60 cônes MW et LW). En revanche, les moyennes et grandes longueurs d’ondes sont analysées par 2 cônes différents (MW et LW) et sont présents en très grande quantité, sur une zone spectrale réduite.

3. Hypothèse cognitive : On connaît la capacité incroyable de notre cerveau à stocker une infinité de visages et à détecter aisément une des 10.000 expressions créées par nos 43 muscles. Reconnaître ses congénères est essentiel depuis des millions d’années pour construire nos émotions et adapter nos réactions. Les couleurs des visages (couleur de la peau et des cheveux) sont exactement dans cette zone étroite du cercle chromatique.

4. Hypothèse anthropologique : Voir en couleur c’est avant pour distinguer des différences entre objets. Or le bleu et le vert sont avant tout des couleurs d’arrière-plans (eau, mer, ciel, végétation). La partie qui nous questionne (du jaune au rouge) est celle des objets de premier plans, celle qui concerne les objets que nous avons besoin de distinguer et différencier.

5. Hypothèse technique : Nos modélisations et représentations (spectre visible/cercle chromatique) sont tout autant relatives qu’abstraites, et ne permettent pas de répondre à toutes les problématiques, entre autres, celles de la linguistique et de la mémoire sémantique.

Quelle est l’hypothèse qui emporte vos convictions ? Selon vous, quelle est l’hypothèse qui représente la cause et celle qui représente la conséquence ?

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