Des biologistes américains ont réussi à modifier les capacités visuelles de singes daltoniens, les rendant capables de distinguer les couleurs comme des singes non daltoniens.
Cette équipe a travaillé avec des singes saïmiris. Ce sont des singes du Nouveau Monde chez lesquels, pour des raisons génétiques, tous les mâles et un tiers des femelles sont daltoniens. Contrairement aux non-daltoniens qui détectent trois gammes de longueurs d’onde (ils sont trichromates), les daltoniens en détectent seulement deux (ils sont dichromates). Cela vient du fait qu’ils possèdent seulement deux des trois pigments qui permettent de voir en couleurs. Il leur manque le pigment dit « L », qui permet de capter les grandes longueurs d’onde.
Pour ce faire, il a fallu injecter le gène codant ce pigment L dans la rétine de plusieurs mâles. Puis, à comparer leur capacité à discriminer les couleurs avec celle de femelles trichromates via un test comportemental. En l’occurrence, avant le traitement, les singes apprennent à réagir à un changement de couleurs sur un panneau lumineux qui leur montre simultanément plusieurs ronds colorés. Après le traitement, on regarde à quel point leur capacité à réagir s’est modifiée. Il apparaît qu’elle augmente, et se rapproche de celle des femelles non daltoniennes.
Grace à ce pigment supplémentaire, les singes différencient ainsi davantage de stimulis lumineux de compositions spectrales différentes.
De ce fait, Ils ont acquis la capacité à recueillir des informations provenant de trois gammes de longueurs d’onde du spectre lumineux, au lieu de deux à l’origine. Du coup, ils discriminent les couleurs aussi bien que des singes non daltoniens. Il s’agit là d’un critère objectif.
Néanmoins, savoir s’ils voient aussi « comme » ces singes non daltoniens, c’est autre chose ! Reste que cette démonstration de la possibilité de conférer de nouvelles capacités visuelles est une réelle percée, en direction du traitement de pathologies rétiniennes.